Voyages / Écrits / Vus

#7 Train-train jusqu'à Vladivostock, le grand est russe

Vers Vladivostock

Réveil tôt, au revoir à Julia et direction la gare. Petit café en attendant le train. Je monte dans le train numéro 2 qui va nous amener plus rapidement et avec moins d’arrêts à Vladivostock que le n°70 que j’ai pris jusque là. Je monte dans le compartiment et il y a des français au début, et à côté de moi juste en face, deux allemands. Trop facile le transsibérien, tous les touristes (comme moi), sont là ! Cette fois en rentrant dans le train, qui a déjà traversé la moitié de la Russie depuis Moscou, ça sent bien les pieds, mais au bout de cinq minutes je suis déjà habituée. Je suis contente de retrouver la coloc’ qui bouge pour 3 jours !

L’après-midi c’est la fête. On est peu dans le wagon cette fois (peut être 20% de remplissage) et deux dames à côté ont mis de la musique russe à fond les ballons. Un petit enfant chante à tu-tête, on rigole bien. C’est un peu techno mais entraînant, karaoké party. On joue ensemble avec le petit enfant qui est aussi un petit diable. On lit tous les noms d’animaux en russe dans le dictionnaire illustré que j’ai emporté, on joue à où est caché le bonbon, on en mange plein. C’est trop bien, il parle russe et moi français, mais on se comprends trop.

Grid Image

Je parle un peu avec les allemands qui doivent avoir à peut près mon âge. Christopher et Ferdinand. Ils vont aussi jusqu’à Vladivostock. Il vont aussi au Japon. Avec le même ferry. Et ils sont le même chocolat que moi. J’ai zéro originalité. Les français sont descendus l’après-midi à Ulan-Ude, juste à côté de la Mongolie. L’un d’eux avait un pull « I have been to Siberia and I survied » (je suis allée en Sibérie et j’ai survécu).

Toute la matinée, on a longé le lac en train, c’était magnifique. Je ne m’en lasse toujours pas. Le quotidien du train-train continue, manger, lire, regarder le paysage, et le temps passe vite en fait. Trajet ponctué de quelques arrêts en gare, et des passagers qui montent et descendent, le matin, le midi ou le soir. On avance avec la lumière du jour. Puis être en pyjama toute la journée, ça n’a pas de prix !

Grid Image

Je dois avouer que des fois, je me compare aux gens malgré moi. Genre quand il y a d’autres touristes occidentaux dans le train comme moi, je me dis que je ne suis pas assez aventurière. Et en même temps des fois je me réfugie dans des cafés cosy qu’on pourrait trouver en France. Je me sens supérieure cinq minutes quand j’apprends que les allemands ont organisé leur voyage avec une agence alors que moi non. Alors que j’ai aussi utilisé Action Visa pour faire mon visa russe. En fait on s’en fiche carrément ! Au moins, je le vois la plupart du temps (j’espère), et ça part vite. Comme Musashi le super samouraï, ça prend toute une vie de travailler sur soi :)

Le deuxième matin, je vais boire un café au wagon restaurant, c’est la fête ! Il y a des allemands et des russes qui prennent leur petit dej’. Ce n’est pas très grand, les sièges sont un peu différents et les rideaux ressemblent à des napperons marrons. La dame qui s’en occupe est trop gentille, et elle m’aide à revenir à mon wagon quand je n’arrive pas à ouvrir une porte (solution : tirer violemment).

Grid Image

Pour y aller, je suis passé dans un wagon de 2ème classe, et je suis contente d’avoir pris la 3ème pour tout le trajet ! Ce sont des compartiments de quatre personnes assez petit et avec une seule fenêtre. En 3ème, beaucoup moins d’intimité mais beaucoup plus de paysage ! Après le lac, il change. Il y a plus de collines et de petites montagnes, c’est tout ocre, beaucoup de sapins et encore un peu d’arbres magiques blancs.

J’ai aussi relu « Stupeurs & Tremblements » d’Amélie Nothomb, puis « Ni d’êve ni d’Adam » dans ma boulimie de livres. C’était génial. Le premier me fait penser à un dessin animé que Tien m’a fait découvrir et qui rappelle carrément l’ambiance de travail décrite dans « Stupeurs et Tremblements » (à croire que dans certaines entreprises ça a peu changé ?). C’est l’histoire d’une panda rousse qui trompe son mal du travail au karaoké en mode métal. A voir (lien à venir) !

Grid Image

L’après-midi de la deuxième journée, il est arrivé. Le mail qui disait que le ferry n’irait pas jusqu’au Japon à cause des typhons ! Le drame ! Non en fait pas vraiment, une organisation différente à mettre en place. Surtout pour les allemands qui ne seront que 3 semaines au Japon, alors que moi 1 semaine en plus ou en moins, ça ne change pas grand chose (même si j’ai hâte d’y arriver !). Finalement, ils prendront un avion depuis Séoul pour ne pas trop perdre de jours dans leur planning. Moi j’attendrais le prochain ferry 6 jours après, l’occasion de visiter Séoul que j’avais écarté au début, pour arriver plus vite au Japon.

On élabore des théories. Est-ce que l’univers nous dit de mettre plus de surprises et de moins contrôler le voyage ? Ou alors on est puni de ne pas avoir assez regardé les nouvelles concernant le Japon (plusieurs typhons depuis la fin de l’été, avec des grosses coupures d’électricité, quelques morts, avec un des plus violents depuis une vingtaine d’années) ? Ou sûrement que c’est juste comme ça. Dans le doute, je survole le Japan Times chaque jour maintenant !

Le troisième et dernier jour dans le train, c’est la routine, sieste, dodo, lecture, faire connaissance avec les nouveaux voisins, échanger de la nourriture. Je goûte les chips au crabe et en forme de crabe des allemands. J’ai presque de la nostalgie de quitter le train demain, c’était devenu un peu ma maison ! Au temps c’était une étape que j’attendais avec impatience mais que j’appréhendais un peu (vais-je me faire couper en morceau dans le train ? va-t-on me voler pendant la nuit ?), au temps c’était vraiment génial. Des fois la peur nous fait imaginer des choses pires pires alors que non, et nous faire rater de belles choses, pas tout à fait rationnel tout ça.

Après le dodo final, on arrive à 7h à Vladivostock ! Avec les allemands on admire la borne qui symbolise les 9000+ kilomètres depuis Moscou, la plus grande partie du trajet est réalisée !

Vladivostock

Grid Image

Petit dej’ avec les allemands, puis début de balade dans la ville. Je pose mes affaires à la guesthouse et je savoure la douche ! Le ferry part un jour plus tard, donc c’est un jour de plus pour découvrir la ville. On ne parle pas trop de Vladivostock dans les blogs ou autre, mais ça à l’air d’être un chouette endroit !

Grid Image

Port principal à la fois de marchandises mais aussi militaire, la ville s’étend sur plusieurs bouts de terre comme des mini-îles reliées avec la mer autour. Chacune est une colline, et la ville monte et descend ! Il y a de supers points de vue sur le pont gigantesque qui rejoint deux parties de la ville.

Grid Image

Buildings, grandes avenues, magasins, restaurants variés, c’est presque chic ! J’ai même mangé Géorgien (et encore il y a une frontière avec la Russie), parce qu’une devanture de restaurant avait des raviolis volants ! Comment résister à ça ?

Grid Image

Beaucoup de touristes coréens (on est tout près !), d’endroits où manger coréen aussi, mais je m’économise pour Séoul. Il y a plein de promenades le long de la mer, presque un air de la grande-motte. En plus, un grand ciel bleu est au rendez-vous, royal. Obligé d’être en t-shirt l’après-midi au soleil.

Grid Image

J’avoue je n’ai pas fais grand chose ici, à part marcher et manger. J’ai trouvé un super carnet pour continuer d’écrire et de travailler le japonais, et j’ai regardé une série en japonais en entier en deux jours. C’est bien pour l’oreille, après il faut aussi apprendre la grammaire et le vocabulaire par ailleurs !

Grid Image

Comme on appris peu de temps avant que le ferry partirai un jour plus tard, j’ai changé de lieu de dodo entre temps (plus de place dans le premier). C’était marrant car c’était deux lieux aux atmosphères complètement différentes ! Le premier, tenu en partie par des coréens pour une clientèle principalement coréenne, était tout cosy, avec des épais rideaux aux lits superposés pour que chacun ait son intimité, les gens tout polis et discrets. Dans le deuxième, c’est plus à la maison chez la gérante russe, on mange dans le dortoir des filles et c’est la tchatche jusqu’au bout de la nuit, sans rideau. Il y a tous les âges, et ça rigole bien. J’essaie de comprendre un peu l’histoire, à propos de taxis, de jupes courtes et d’autres choses inconnues. Ça coupe des tranche de couenne crue, sandwich avec du pain et hop ça repart. J’aime beaucoup ce contraste !

Grid Image

Tout à l’heure je prend le ferry pour arriver demain matin à Donghae, puis train jusqu’à Séoul. J’ai vraiment hâte de voir comment c’est à bord. Je n’ai aucune idée de qui prend le ferry (quand même plus cher que l’avion, même en classe éco). Et d’ailleurs, en éco, c’est sortoir géant mais sur l’eau cette fois, ça risque d’être marrant ! Je ne sais pas trop si j’aurais le mal de mer, mais on va voir ça tout à l’heure. A bientôt à Séoul !