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Le concert

Je suis arrivée juste avant à Paris en train. Je suis un peu dévariée, gentiment à côté de mes pompes, perdues entre tous les Gibert Joseph de la fontaine Saint-Michel pour trouver un livre cadeau d’occaz. Lucile T. (sur la photo) m’appelle : “Tu peux venir poser tes affaires chez moi avant le concert si tu veux !” Le concert ? Quel concert ? Bon j’avais cru auparavant que c’était son concert, mais en fait non (ce sera Lucile T. - Concert Cosmique le 14 juin) donc j’allais au pique-nique retrouvaille des petits kéchons qui font pousser des radis sur des terrasses. Non en fait Lucile T. m’avait invité au concert de H Burns, que je connaissais pas, mais que j’ai adoré !

Tout ça n’a rien à voir avec l’histoire, mais mon niveau de perdition explique peut être une partie de la suite ? Bref, concert de H-BURNS. Putain ça fait longtemps que je ne suis pas allé voir un concert ! C’est Lucile T. qui m’aide à garder ce lien vivant avec la musique live (je vous ai déjà dis qu’elle est génialement puissante et que vous deviez l’écouter ?). La salle est petite, dès que le groupe arrive elle se remplie d’énergie. Un peu des balades, un peu du rock, ça change, synthé, surtout guitare, un vrai univers ou l’on se fait emporter facilement mine de rien. Une voix. Peu de blabla. La sensation des battements de la grosse caisse à la place du cœur. Emportée avec le live. La capacité de la musique, encore plus en vrai, de te relier aux émotions qui sont au fond. Surtout ce groupe ? Le rythme emporte le corps aussi. Moins de représentation plus d’être.

Je suis toujours dans le concert, mais une partie parallèle de moi ne peut s’empêcher de regarder cette femme, presque au premier rang. On ne fait pas attention, mais si on regarde plus de quelques secondes on voit qu’elle ne bouge pas, au milieu des gens qui remuent sans danser vraiment et des photographes qui s’affairent. On ne voit plus qu’elle après. Elle est debout et dit les paroles, sans chanter, on dirait. Intensité dans le regard, et tristesse infinie. A plusieurs reprises elle essuie des larmes. Est-ce que c’est le concert, la musique, qui fait que ça m’émeut tellement de la voir émue comme ça ? Je sais pas. Est-ce que c’est que dans ma tête, si ça se trouve il n’y a rien, elle va bien ? Je sais pas.

En fait elle n’est pas seule, je comprends après. L’homme derrière elle la regarde, la soutien. Lui, on se demande si la tristesse est avec lui au début. Il a ce regard droit et dur en biais de la scène qui veut peut être éviter les larmes ? Je sais pas.

Deux moment magiques. Un. Un éclairage pendant quelques secondes, un peu comme un stroboscope, hache l’arrivée de la lumière et sa source. Elle apparaît différente chaque seconde selon l’axe de la lumière : jeune, triste, yeux ouvert, yeux clos, fatigué, brillante, lasse ou elle disparaît dans le noir. Et encore, et encore. Milles visages. Deux. Une chanson pendant plusieurs minutes, elle sourit, applaudit les mains en l’air, un regard complice avec l’homme à côté.

A la fin tristesse est revenue ? Je sais pas. Le batteur s’est tellement donné qu’il a troué sa grosse caisse. Heureusement ça n’a pas troué le cœur des gens. Au contraire. J’en suis moins dévariée, plus apaisée. Leur musique t’embarque pour un voyage. Ici. Ailleurs. Haut. Bas. Dedans. Dehors.

Allez voir des concerts putain.